Rencontre au Sine Saloum

Nous avons rencontré Sanna au bord du terrain de foot de N’Gadior. Cela a commencé comme une histoire d’amour et cela aurait pu en être une car après avoir échangé nos prénoms il m’a déclaré sa flamme. Il a fallut refuser le mariage car je suis déjà promise à un très bon parti qui défendait à ce moment même les couleurs du Zanzibar sur le-dit terrain. Il n’a pas eu l’air si déçu et,toujours en souriant, le jeune homme de 17 ans a entreprit de m’apprendre les rudiments du Seereere en écrivant dans le sable.

Assez vite nous nous sommes retrouvés au centre d’un groupe de curieux petits et grands demandant inlassablement à tort et à travers “Bonjour comment t’appelles tu ?” et hurlant de rire à chaque réponse. Après 200 Véronique, 300 Timéo et autres Mathilde, Zoran et Rodolphe à peine entendus au milieu des rires et des cris nous nous mettons d’accord pour retrouvers Sana le lendemain. Au programme :marcher jusqu’au pont permettant aux élèves de rejoindre le collège dans le village voisin.

En effet les courageux  qui continuent après le primaire ont une heure de marche tous les matins et tous les soirs. On pourrait également dire les chanceux car pour certains les études s’arrêtent là :  leur famille à besoin d’aide pour les travaux domestiques ou la pêche et ne peuvent pas se permettre de les envoyer au collège.

Au cours du trajet ils doivent traverser un Bolon (bras de fleuve) ce qui est très bucolique mais pas très pratique, surtout en cas de crue durant “l’hivernage”. Sanna nous explique qu’il y a quelques années les élèves ont fait “grêve” pour obtenir ce pont suite à un accident ou plusieurs élèves ont été emportés mais fort heureusement retrouvés sains et saufs. Il a été construit en partenariat avec l’association “voile sans frontière” qui nous a confié les gilets de sauvetage.

L’endroit est tellement proche de nos rêves de savane qu’on s’attendrait presque à voir surgir un lion ! Le sol est sablonneux, parsemmé de touffes d’herbes sèches et entre les cours d’eau entourés de mangrove d’un vert surprenant, de grandes étendues de brousse jaune-orangées s’étendent jusqu’à l’horizon avec leurs petits bosquets et leurs arbres couverts d’épines. Et … il fait chaud.

Le pont en lui même est principalement constitué de coquillages retenus par une structure en bois. Comme le rammassage et le conditionnement de ces palourdes exotiques représentent une grande part du commerce local, leurs coquilles vides sont utilisées dans beaucoup de constructions et le mur des maisons ou parfois le sol laisse apparaitre leurs rainures blanches et bombées.

 

Sanna parle beaucoup, il est très motivé et très curieux. Il nous présente quleques uns de ses amis : Ibrahim et “douglas costa” estampillé meilleur lutteur de sa catégorie. Nous sommes arrivés après les festivités mais au Senegal la lutte est un sport répendu, avec ou sans frappe et il s’agit autant d’une tradition que d’un moyen de gagner sa vie car les récompenses sont assez conséquentes (allant d’un lot de buffles à une télé écran plat, on ne se moque pas des gens !)

Nous sommes pile à l’heure pour croiser les collégiens sur le chemin du retour et comme toujours l’acceuil est chaleureux bien qu’un peu survolté. Il y a toujours les curieux, les chahuteurs qui se demandent s’ils ne pourraient pas nous bousculer un peu pour voir , les filles souvent plus discrètes mais qui se pendent à nos bras et inévitablement “Bonjour, comment t’appelles tu ?”

De retour au village nous rendons visite à la famille de Sanna. Ici famille est à entendre au sens large : trois frères avec leur(s) femmes respectives et tous les enfants, dont Sanna. Mais la maison est grande : chacun a sa chambre et il y a une cuisine au feu de bois/salon avec des nattes au sol à l’intérieur. L’espace commun principal est la cour en exterieur avec des bancs à l’ombre d’une paillotte.

Nous rencontrons la maman que nous saluons en seereere ( Salam Aleikhoum ! Nafio ? Mie Khe Men )  car tout le monde ne maitrise pas le français. Suite à un échange familial durant le quel nous nous efforçons de saisir quelques mots il semblerait que nous soyons invités à diner le lendemain !

 

 

Nous retrouvons à l’heure dite Sanna chez lui. On a l’impression qu’il n’était pas sûr que nous viendrions mais tout le monde est content de nous voir et il est difficile d’accepter autant de  gentillesses et politesses ! On nous apporte des chaises car nos augustes fesses ne peuvent s’accomoder de bancs. Pas facile parfois d’être sûrs de ne pas commettre d’impairs : qu’attendent ils de nous ? Faut il apporter quelque chose au repas comme en france ? Faut-il accepter toutes les politesses ou refuser de prendre la chaise de quelqu’un au risque d’avoir l’air déplacé ? Quelle somme emmener car nous sommes six et bien qu’ils aient l’air de vivre correctement nous ne voulons pas peser sur leur budget ? 

Comme de vrais Toubab (blanc) nous nous posons trop de questions et la soirée commence tranquillement : Papa donne un petit coup de main pour des devoirs d’anglais, Véro discute avec la soeur de Sanna et les autres commencent une partie de belotte “spéciale Ngadior” à deux jeux et durant laquelle Sanna et son ami trichent en parlant seereere pour pouvoir mieux nous “terrasser” comme ils disent ! Bref on s’amuse.

 

Vient ensuite le repas ; “un yasa” aux coquillages délicieux. On mange tous dans le même plat, assis sur des nattes. En tant qu’hôtes de marque nous avons droit à une cuiller pour protéger nos fragiles petits doigts mais normalement, et comme nous le ferons plus tard, c’est à la main ! Etrange pour nous : la maman qui a cuisiné deux heures pour ce bon repas n’est pas conviée ! Mais Sanna est toujours un hôte aussi agréable et nous terminons par un “thé sénégalais”.

 

Petite précision si un jour on vous propose un thé sénégalais prévoyez deux heures car le cérémonial est longuet ! Nous nous attendions à partir après le dessert constitué du coca cola que nous avons ammené pour l’apéro (à ce stade de la soirée on arrête de poser des questions) mais le repas s’est agréablement prolongé.

Cela s’approche beaucoup du thé à la menthe marocain bouilli trois fois avec de la menthe et servi entre chaque cuisson dans deux verres à faire passer à son voisin. Le gout très parfumé et léger à la fois est donné par de multiples transvasages d’un verre à l’autre.

C’est un peu long pour les garçons qui trouvent rapidement le moyen de s’emparer d’un téléphone et d’une tablette pour jouer à on ne sait quel space invader, même ici les jeunes sont drogués au apple store !

 

 Nous prenons le temps avant de partir de remercier toute la famille et surtout la maman qui accepte notre petit contrepartie financière (ouf on ne s’est pas trompés !) et retour au bateau !

 

Commentaires fermés.