Une journée en mer à bord du Zanzibar

Avant toute chose il faut savoir que dans notre petite bicoque nous sommes soumis, tels les hommes primitifs, aux caprices de l’impétueuse Mère Nature. Ainsi il y a plus ou moins deux genres de journées : – celles où le vent n’est pas idéalement orienté et durant les quelles pour suivre notre cap il faut avancer avec une houle de face (si possible d’au moins 2 mètres) avec des raffales de vent pleines d’embruns et où on tire au sort pour savoir qui ira à l’intérieur chercher la fourchette manquante (et donc risquer de vomir un déjeuner à peine commencé ).   – celles où notre capitaine adoré se lève le matin et constate avec délice que le vent est propice à une navigation en ciseau, alors c’est houle de dos, le vent se fait moins sentir (arrivant de derrière notre vitesse se soustrait à celle du vent, on appele ça le vent apparent et c’est chouette) et on cuisine du couscous.   Lorsque nous sommes en “nav” (navigation dans le langage des vrais marins sexy) il y a aussi les quarts de nuit car impossible de laisser le bateau sans surveillance et d’aller roupiller. Zoran et Timéo prennent tous les soirs le 1er quart de 19h à 22h et ensuite il faut se prtager 22h 1h (ca passe encore), 1h 4h (mon dieu pourquoi ?), 4h 7h (échangeable contre 2 tours de vaisselle) et 7h 10h (ca rime avec petit joueur). Pour ceux là on alterne chaque nuit.   Evènements non quotidiens mais fréquents :   =>En tête de liste de cette catégorie : le remplissage d’une ou plusieurs partie du bateau avec de l’eau.   Parfois c’est dans les cales où sont rangées les vivres il faut alors tout sortir tout sécher et bien sécher les cales. Ceux qui voient le verre à moitié plein disent que c’est l’occasion de réaliser qu’on a plein de bonnes choses à manger ! On a essayé une fois avec de l’eau de mer et une fois avec de l’eau douce pour varier les plaisirs.   Parfois c’est la cale moteur et là il y a un peu plus de supsense car noyer une boite de ravioli ca a tout de même moins de conséquences … mais pas de panique notre super mécano diplomée en tant qu’ingènieure mécanique sait toujours quoi faire.   Zoran a eu la gentillesse de tester pour nous la vague qui rentre par le hublot, reffraichissant mais un peu salé.   Parfois il y a de l’eau dans des endroits bizarres : sous l’angle babord de la banquette et dans le coin inférieur droit du matelas de la cabine babord arrière par exemple et ce mystère n’est pas plus résolu que celui des disparitions massives de chaussettes dans les machines à laver de nos jours.   =>On voit des dauphins !!! Presque tous les jours et parfois plusieurs fois par jours. Ils sont très joueurs, plus le bateau va vite, plus ils aiment nous suivre et ils sautent dans tous les sens. Nous avons aussi pu observer des grindes, sortes de mini orques avec un gros front mais très bien porté. Plus gros que les dauphins, nous sommes passés au milieu d’un banc de quarante selon la police et 86 selon les manifestants.   =>L’apéro ! On se restreint pour conserver un ratio activité physique/ quantité de pastis absorbé supérieur à 1 bien que ce soit la deuxième passion du capitaine après la navigation en ciseau.   =>Quelqu’un fait tomber quelque chose dans l’eau. Souvent c’est en faisant la vaisselle et à ce jour nous déplorons la disparition regrettable de deux verres, un couteau, un seau, une pince à épiler, une paire de lunettes (miraculeusement retrouvée grace à l’intervetion du capitaine qui ne se déplace jamais sans une stab et deux bouteilles de plongée), un tupperware, un moulinet de canne à pêche et pas moins de deux hauts de maillot de bain.   Il y a toujours un moment dans le journée où :   Véronique regarde mélancoliquement vers l’horizon depuis la barre tribord pour ne pas vomir, Timéo dit qu’on ne peut pas faire ses devoirs dans ces conditions*, Zoran continue à dormir, Loic propose d’aller se baigner alors qu’on avance à 8 noeuds, Papa essaie de motiver tout le monde pour mettre les voiles en ciseau et Mathilde lit un livre incompréhensible de 3000 pages.   * On l’aurait entendu dire une fois “c’est marrant j’ai mal au coeur que quand il faut faire les devoirs” mais il y a beaucoup de médisance sur ce bateau.   Le matin on ne se lève pas trop tard, autour de 8h 9h (sauf si on a eu un quart fatiguant) et grâce à cette merveille de la technologie que l’on nomme pilote automatique nous pouvons prendre le petit déjeuner à peu près tous ensemble. Chacun aide et il faut pas mal de boulot pour garder propre notre bateau. Pour la vaisselle on fait chacun notre tour et pour le repas selon l’inspiration et le mal de mer !   Cuisiner est assez sportif mais nous sommes une famille qui aime les défis et le français, même en mer, ne renonce pas à la gastronomie. Il faut prendre garde à bien fixer les casseroles aux plaques et c’est parti !   Quand la mer est calme et qu’il n’y a pas trop de vent on balance une bouée attachée au bout d’un long bout (on a pas le droit de dire c*rde) et on se jette du bateau avant de se rattraper à la ligne de vie. C’est plutot impressionnant surtout depuis qu’on a vu un requin et on a hate d’essayer une fois où il y aura des dauphins. Ne surtout pas oublier de laisser quelqu’un sur le bateau, ca peut toujours servir.   Dans la journée il faut essayer de barrer souvent car le pilote automatique consomme beaucoup d’énergie et selon l’orientation du soleil par rapport aux voiles ou tout simplement la couverture nuageuse la batterie se recharge peu. Or, il s’avère qu’on ne doit pas la laisser descendre en dessous de 60% sous peine de mort certaine. Si jamais le soleil n’est pas suffisant nous avons toujours le recours d’allumer une heure ou deux un moteur, on en profite alors pour faire fonctionner le désallinisateur qui s’appelle Alphonse et qui a la gentillesse de nous fournir de l’eau douce bien que peu savoureuse.   Depuis que la cuve d’eau douce à tenté d’assassinner le moteur tribord on fait un check up des moteurs tous les matins, ca nous permet de mieux digérer.   Une préoccupation récurrente est le suivi scolaire des deux zouaves, pas facile pour eux de rester concentrés dans ces conditions mais il faut avancer dans le programme et bien synchroniser les rendus de devoirs avec les escales, seuls moments ou le débit permet de les envoyer au CNED.   Les journées passent vite, il y a toujours une petite réparation à faire, des manoeuvres à la voile, surveiller l’AIS pour éviter les collisions, faire une petite sieste au soleil, lire (pour ceux qui n’ont pas mal au coeur !), regarder le coucher de soleil et les poissons volants, jouer de la guitare, faire une partie de Cambio ou de Morpiam… Selon la météo la vie à bord est très différente et parfois c’est plus dur, on est tous fatigués et on se relaie pour faire la sieste et surveiller le bateau, on mange vite fait de la semoule nature et on attend que ca se calme mais ca fait partie du voyage ! Notre capitaine est au top dans ce genre de situations, il garde la forme et le moral, prêt à saisir le premier souffle de vent arrière pour sortir le tangon et faire un p’tit ciseau !   Pour se laver on a des savons qui moussent à l’eau de mer, pour économiser le plus d’eau douce possible on prend un seau d’eau de mer pour se mouiller, on se savonne, on se rince à l’eau de mer et on termine par un petit rinçage à l’eau douce. Pour vous situer, tout cela se passe sur les marches à l’arrière du bateau et après un mois passé ensemble nous pouvons reconnaitre les fesses de n’importe qui en moins de 1s et 3centièmes pour les plus doués. Il y a aussi une douche à l’intérieur dans la chambre de Zoran mais comme l’habitacle est déjà très humide s’il fait bon on se met plutôt dehors. La toilette matinale est un moment très agréable, le ciel est encore un peu rosé, le temps est doux et on se sent frais et dispo après.   Les quarts de nuits sont comme les journées, si la mer est calme, on se sent un peu dans un autre monde. Le sillage du bateau brille de milliers de petites paillettes vertes (les gens qui manquent de poesie prétendent que ce sont des planctons), le ciel est limpide et brillant d’étoiles. La musique des vague est parfois troublée par les sauts des poissons volants et barrer devient très apaisant. Pour courronner le tableau  des petits bancs de dauphins viennent souvent nous saluer au lever du soleil … Ca redonne de l’énergie !   Il y a parfois des moments iquiétants, telle la funeste nuit ou le Seigneur dans Sa colère nous a envoyé une pluie de poissons morts à la manière des fléaux de l’Egypte. Le capitaine en ayant reçu un sur la tête nous avons jugé préférable de cesser toute activité impie (telle que la consommation excessive de camembert au petit déjeuner).   En tout cas l’entente est bonne et le voyage est beau, l’équipage au complet est prêt pour la suite des aventures !

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